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Intervention du Président de la SPVal à l'assemblée d'Evionnaz

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Texte complet de la déclaration de Didier Jacquier

 

 AD ordinaire d’Evionnaz 8 juin 2013

 

Point 7 de l’ordre du jour :

Rapport du Président SPVal Didier Jacquier

 

Monsieur le Conseiller d’Etat,

Madame la Présidente de la commission scolaire,

Madame la Présidente de la FMEP,

Monsieur le Président du SER,

Mesdames et Messieurs les invités,

Chers collègues,

 

« Le paradis terrestre, où tous les gens s’aimeraient, où ils seraient courtois et aimables, où tout serait beau et évoluerait harmonieusement à la satisfaction du Seigneur, n’existera jamais. »

 

J’ai tiré cette citation d’un livre d’un essayiste et dramaturge devenu homme d’état. Non, les initiales de cet auteur ne sont pas OF, pas davantage JR, et encore moins SD. Ne cherchez plus, je vous donne la réponse : il s’agit de Vaclav Havel.

Si j’ai choisi cette citation pour introduire mon propos, c’est parce qu’elle peut nous éclairer sur le chemin que nous devons suivre pour traverser le monde qui sert de décor à notre passage. J’ai surtout choisi cette phrase à cause du mot évolution.

Oui, ces dernières semaines les choses ont évolué très vite. En me permettant une vision personnelle de cette évolution, je peux vous dire qu’en trois semaines, j’ai parlé à plus de journalistes que pendant les six années précédentes de mon mandat. L’association que je préside a retrouvé son acronyme dans la quasi-totalité des médias romands. L’arrivée de notre nouveau Chef constitue l’élément déclencheur de cet intérêt médiatique.

Ordinairement, une assemblée comme celle-ci bénéficie de la présence courtoise de notre télévision régionale Canal9 qui accorde une place importante à l’école dans ses sujets. Les autres médias régionaux se contentent souvent d’un coup de téléphone pour un retour enregistré. Les médias romands quant à eux, ignoraient jusqu’à notre existence. Il en va autrement aujourd’hui puisque la SPVal semble être devenue une star médiatique qui fait tourner les images et noircir du papier. Je vais décevoir tout de suite les personnes qui sont venues pour assister à un match SPVal-Freysinger. Le Président que je suis ne se sent pas de taille à défier notre Chef de département sur le terrain du débat devant les journalistes. Ce genre de confrontation me verrait très vite mis à terre et il n’entre pas dans mes intentions de terminer ainsi ma carrière.

J’ai eu l’occasion jeudi, à son invitation, de présenter au Chef de département les axes prioritaires définis par le comité SPVal. Sur un bon nombre de sujets, nous ne sommes pas loin de tomber d’accord. Après l’assemblée syndicale de ce matin, je suis en mesure de présenter le deuxième pan de nos activités, soit le relais des soucis manifestés par notre base. Je le ferai en commentant les résolutions votées tout à l’heure par les délégués. Elles constituent un arrêt sur image des soucis que se font les enseignants des classes valaisannes.

J’aimerais prolonger maintenant, devant notre Chef, devant les délégués et devant la presse le signalement de quelques aspects de l’évolution dont je vous parlais tout à l’heure qui dérangent les membres du comité de la SPVal.

Je commencerai par l’épisode des sans-papiers. Pour les membres de mon comité, il est évident que dans notre pays, chaque citoyen a le droit de répondre ce qu’il entend aux questions d’un journaliste. Il ne peut le faire qu’avec son niveau de compréhension des questions posées. Ce fut mon cas ces derniers jours et j’estime avoir fait mon devoir.

Lorsqu’on parle avec lui de la presse, monsieur Freysinger annonce souvent, dans son langage très fleuri, qu’il ne peut pas péter de travers sans que tous les journalistes en parlent. Il faut donc, dans un apprentissage de Conseiller d’Etat, apprendre à péter droit. C’est moins médiatique mais ça soulage tout autant. Nous essaierons, nous aussi, d’exercer notre droiture dans ce domaine-là.

Le deuxième élément suscitant le mécontentement touche à l’organisation même de l’assemblée que nous vivons actuellement. Depuis sa création, née de la fusion de la Société des Instituteurs et de celle des Institutrices, en 1968, la SPVal a l’habitude d’inviter tous les cadres du Département à ses assises annuelles. La séance d’aujourd’hui constitue donc une première, puisque le Chef de département a intimé l’ordre à ses troupes de ne pas donner suite à notre invitation. Cela nous dérange et nous prive des habituels contacts pris lors des débats, de l’apéritif ou du repas qui suivent les assemblées. Le Valais est une terre de convivialité. Nous avons l’impression de perdre quelque chose dans ce domaine. Dans le passé, certains échanges ont été vifs avec le sommet de la hiérarchie, mais ils avaient lieu et débouchaient sur des rendez-vous dans les bureaux des différents étages de l’administration. Ce ne sera pas le cas aujourd’hui. L’auditoire aura donc peut-être l’impression qu’une seule personne va se sentir appelée par les propos tenus ici. Nous n’en sommes pas responsables.

Pour continuer la liste, j’aimerais maintenant passer à une inquiétude qui taraude le comité que je préside en interpellant plus directement notre Chef.

Vous avez pris l’habitude, ces dernières semaines, de vous adresser en ligne directe aux enseignants sur le terrain. Cette façon de faire, court-circuite la hiérarchie : associations, inspectorat et directions d’écoles. Vous êtes évidemment libre de procéder ainsi mais nous aimerions vous faire part d’un souci consécutif à cette pratique. Cette communication du Chef vers les enseignants en one to one est facile à réaliser par le biais des adresses educanet2, cependant, le contact en sens inverse du 1600 to one des enseignants vers le grand Chef ne sera pas réalisable.

 

J’aimerais imager ces craintes par une petite métaphore. Un cultivateur peut facilement arroser, grâce aux techniques modernes, l’ensemble de ses champs, simplement en appuyant sur un bouton. Cependant, pour que les cultures restent saines, pour que chaque plante trouve sa place, pour retirer les herbes folles, pour traiter les maladies, il est nécessaire d’engager une équipe d’ouvriers.

Les associations sont là pour jouer ce rôle. Il s’agit donc de les respecter. Dans le même ordre d’idée, nous sommes convaincus que le long terme mettra en péril la stratégie légèrement démagogique du « je suis des vôtres, je vous ai compris ». Cela marche pendant que l’on surfe sur la vague de la nouveauté, l’exercice ne peut pas se répéter à l’infini. L’épisode des semaines -1 +1 en est une illustration. Dans un premier temps, beaucoup de gens ont applaudi, mais l’examen des détails fait parfois déchanter. Un conseiller d’Etat a beaucoup de pouvoir mais il ne peut pas abroger des articles de lois votés par le Grand Conseil. Il ne peut pas non plus tout connaître dans le microcosme des écoles primaires et enfantines. Les membres des comités d’associations sont des spécialistes de ces degrés d’enseignement, ils peuvent donc constituer des partenaires privilégiés pour distiller des informations vers le haut de la hiérarchie.

Dans l’épisode des semaines -1 +1, le comité SPVal a passé pour un grand méchant qui ne voulait pas reconnaître la générosité du Chef dans l’esprit de certains de ses membres. L’avenir prouvera cependant que c’est le comité qui avait raison. Cela sera particulièrement vrai lorsque le Grand Conseil voudra réaffirmer les choix faits le 14 septembre 2011 lors du vote de la loi sur le traitement des enseignants.

Monsieur Freysinger, vous êtes un battant, vous avez besoin de mener mille combats simultanément. Je ne voudrais pas que les propos que je tiens devant cette assemblée aujourd’hui soit considérés comme un réquisitoire contre vous. Vous avez d’ailleurs affirmé que le travail effectué par les enseignants dans les classes valaisannes était bon. Cela nous réjouit. Votre prédécesseur Claude Roch le faisait aussi du reste.

Je dois cependant poursuivre car nous avons encore d’autres inquiétudes. Certains penseurs ou philosophes dont nous vous savons proches contribuent régulièrement à alimenter les pages du Nouvelliste. Cette semaine, à deux reprises, nous avons découvert dans ce quotidien des propos qui nous ont choqués dans les phrases de vos amis.

La première fois, c’était le mardi 4 juin où, sous la plume de Slobodan Despot et dans un article consacré à Jean Romain, nous avons pu lire : « Faire entrer dans la filière scolaire des enfants vifs et curieux pour en voir sortir des idiots semi-analphabètes, cela ne peut être appelé un succès, sauf si l’idiotie généralisée est l’objectif du projet. » Nous osons croire que personne dans cette salle partage ce jugement insultant pour l’institution scolaire et pour les enfants.

Le deuxième motif d’indignation date du jeudi 6 juin, toujours dans le Nouvelliste, Jean Romain signe une texte d’une rare violence pour exécuter la HEP. Les membres SPVal savent que, comme toute organisation humaine, notre HEP est perfectible. Le comité que je préside tient à manifester son soutien à l’institut de formation des enseignants en disant haut et fort son indignation à la suite de la publication de ce pamphlet dans la presse cantonale. Dans notre souci d’information, nous avons publié ces propos sur notre site Internet pour que chacun puisse se faire une idée du danger représenté par certaines dérives.

J’aimerais m’adresser maintenant plus directement aux délégués et aux membres SPVal qui garnissent cette salle. Nous avons connu, ces derniers temps, des passages difficiles. Certains de nos membres ont fait savoir leur mécontentement au comité. Ils étaient cependant bien moins nombreux que ceux qui durant le même temps manifestaient leur soutien. A tous, et au nom du comité, j’affirme que nous devons rester unis. Donnez votre avis, frottez vos opinions aux nôtres, nous sommes là pour ça. Nous avons, depuis quelque temps, complétement changé notre communication sur Internet. Sur nos pages, on peut trouver tous les avis sur l’école mais on peut surtout trouver la ligne éthique que votre comité entend défendre. Notre Chef a changé, mais nos valeurs n’ont pas changé. Nous les défendrons contre tous ceux qui ne voudront pas les respecter. Nous aimons notre profession, nous connaissons l’histoire et nous savons ce qui arrive à ceux qui cèdent aux sirènes.

Pour deux ans encore, j’ai un mandat qui me donne la possibilité de travailler avec un comité composé de personnes qui s’engagent sans compter et qui sont devenus des amis. Jamais je ne trahirais la promesse que j’ai faite devant les délégués lors de mon élection. La phrase que j’avais choisie alors, je l’ai toujours en mémoire : « La confiance est le ciment invisible qui conduit une équipe à gagner. » Cette confiance, votre comité la revendique et ce même comité l’accordera à ceux qui en sont dignes.

Vive la SPVal !

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