Vous avez dit marketing ?
Le marketing est un ensemble de techniques basées sur la connaissance des besoins du consommateur et des structures du marché. Elles sont utilisées pour développer les ventes d’un produit ou d’un service. Que de vilains mots pour les oreilles des puristes de la pédagogie ! Notre école n’est pas à vendre, non de sort ! Défendons-la contre vents et marées !
Cessons là les exclamations. Non, l’école publique n’est pas à vendre. Nous sommes d’accord là-dessus. Ce cri du cœur accepté, entrons dans la nuance. S’il est une chose qui est à vendre dans notre belle institution, c’est bien le travail fourni au quotidien, tout au long de l’année, par les enseignants. Observée de loin, la machine école tourne. Dans la lunette de certains décideurs, elle est jugée aussi coûteuse qu’une Ferrari de prestige ou qu’une Blancpain de collection. Ils ne se trompent qu’à moitié : leur erreur consiste à ne regarder que le prix. Si leur regard se posait sur la complexité des mécanismes mis en œuvre pour que tout fonctionne, la comparaison trouverait tout son sens. Ouvrons le capot ou le boîtier, ouvrons la porte de la classe : complexe similitude. Les mille petits gestes, les incessants ajustements de la fourmilière scolaire convoquent au quotidien des compétences multiples et toujours en appel de perfectionnement. Nous voilà entrés dans le fonctionnement de la machine : enseignement certes mais aussi éducation. Non, le mot n’est pas tabou, il a même tendance à s’écrire en caractère gras dans le cahier des charges. Avant de semer, il faut bien préparer la terre. Les missions s’additionnent, celle de garde pointe à l’horizon. Allez les enseignants, vous n’êtes pas là pour rien. Laissons la porte ouverte, exposons les mille facettes de nos missions sur l’étal de la reconnaissance. Vendons notre engagement, faisons du marketing : le fruit de cette vente s’appelle salaire et ce n’est pas un vilain mot.
Le marketing traite aussi les structures du marché. La construction de notre école ne peut faire abstraction des soucis budgétaires de l’Etat. Faire mieux avec moins n’entre pas dans le champ des possibilités alors peut-être devons nous faire mieux avec un petit peu plus. Tout bon gestionnaire nous conseillera d’optimiser nos ressources actuelles. Tout adepte de la prévention nous demandera d’anticiper les problèmes pour réduire les coûts. Une réflexion dans l’organisation s’impose. Face aux missions multiples évoquées plus haut, le généraliste esseulé n’a que peu de chances de réussite. On continue pourtant à tirer sur les mêmes ficelles. L’exemple de la formation en langues étrangères en est une belle illustration. Doit-on vraiment former tout le monde au niveau B2 ou existe-t-il une alternative ? Ne former que les ressources nécessaires nous paraît une évidence génératrice de substantielles économies. La valorisation des compétences à disposition en institutionnalisant les échanges et les collaborations ne tuera pas l’indispensable généraliste. Elle lui permettra, au contraire, de cibler ses domaines de compétence pour une meilleure efficacité de tout le système. On nous promet une nouvelle loi sur l’école primaire. L’occasion est belle de briser certains tabous. Ce scénario est à écrire. Si l’on veut que le film soit un succès, il faut une bonne distribution. Pour s’assurer les services des meilleurs acteurs, il faut les payer. Les premiers à entrer en scène ne valent pas moins que ceux qui joueront la scène finale. Le marketing s’activera à vendre toute la bobine.
Didier Jacquier
Président SPVal