Dans le cadre fonctionnel et accueillant de l’Hôtel du Parc à Martigny, la commission enfantine de la SPVal a concocté une harmonieuse recette en combinant une conférence à deux voix, une exposition de jeux et la présentation d’activités quotidiennes à réaliser en classe.
Dans un premier temps, en alliant clarté et concision, les logopédistes Anne Hofmann et Floriane Davoli ont présenté les différents stades de développement du langage chez l’enfant. Elles ont ensuite cerné certaines causes de retard ou de troubles avant de proposer des grilles de dépistage des dysfonctionnements ainsi que des conseils pour le travail en classe.
Une deuxième partie a permis aux participantes de découvrir une impressionnante panoplie de jeux. A chaque étape de ce parcours de découverte, l’une des membres de la commission donnait des explications sur le matériel exposé.
Dans le troisième volet de cette matinée, Séverine Damay-Reuse et Véronique Laterza ont livré une description imagée et dynamique de 17 activités réalisables en classe.
Je souhaite que les propos rapportés dans ces pages donnent envie aux personnes qui ont manqué cette rencontre de se documenter. Des résumés, des références, des liens Internet, une bibliographie et des listes de matériel ou d’activité ont été proposés. Cette précieuse documentation peut être obtenue auprès des membres de la commission dont la liste figure sur le site spval.ch.
Didier Jacquier
Extrait du mot d’introduction de Séverine Damay-Reuse, présidente de la commission école enfantine
… "Et vous, que faites-vous dans la vie ?" Dans les conversations, la question surgit, les présentations à peine faites. Lorsque je réponds : "Maîtresse d’école enfantine", invariablement la réponse fuse : "Ah, c’est mignon à cet âge-là !" Pas de doute, il s’agit de l’âge des enfants ! Je m’applique alors à dire le sérieux du travail, les exigences théoriques et pratiques du métier. Parfois, après avoir prêté une oreille à ce que la petite enfance requiert de qualités et de savoirs, quelqu’un remarque : "Oui, et pour une femme, c’est une jolie profession, on peut toujours la garder à côté."
Cette citation empruntée à Loyse Ballif, maîtresse enfantine et PF à la HEP de Fribourg, m’interpelle. Mais d’où vient donc cette impression dans l’inconscient collectif que le métier de maîtresse enfantine est adorable, mignon et, par là même, facile ? Est-ce la société qui a ce regard sur nous ou est-ce notre comportement qui donne cette impression à la société ?
Nous ne sommes pas là ce matin pour savoir qui de la poule ou de l’œuf est venu en premier, mais nous pouvons essayer de voir ce que nous pouvons faire pour changer ce regard. Trop souvent, j’entends des collègues qui hésitent à faire partager leur expérience ou leur savoir-faire sous prétexte que ce n’est pas grand chose, que c’est sûrement une petite activité qu’elles ont inventée, qu’elle n’est pas folichonne, qu’on peut sûrement trouver mieux ailleurs ou chez une autre maîtresse plus expérimentée.
En réunion de parents, une ou deux expressions reviennent sans cesse dans la bouche des enseignantes : "Voilà les petits exercices que je fais en lecture, c’est un petit peu ce que je fais dans ma classe enfantine, je fais de petites leçons de maths, je travaille un peu le schéma corporel et j’ai l’habitude de faire un petit spectacle en fin d’année." Tout est toujours petit en classe enfantine ! Petites tables, petits tapis, petits locaux, petits enfants, petites maîtresses ? Ah, non, j’ai trouvé une chose qui n’est pas forcément petite en enfantine : gros effectifs ! En tout cas, dans certaines communes. Autre chose ? Ah oui, grosse fatigue et gros rangements en fin de journée. Et gros soucis pour certains enfants avec déjà de grosses difficultés. Ça marche ce mot "gros". Voyons encore… Gros budget ? Alors non, ça ne marche plus. Mais c’est normal, l’état ne va pas investir un gros budget dans de petites classes enfantines ! Surtout si les maîtresses sont, elles aussi, petites et qu’elles ont pris l’habitude de résoudre leurs petits problèmes dans leur petit coin.
Quel est le but de cette démonstration ? Nous inciter à être fières de ce que nous faisons, à nous vendre, à vanter notre travail, à bouger, à nous faire entendre, à réclamer, à exiger afin que l’Etat du Valais et, du même coup, la population se rendent compte que l’école enfantine est une grande école avec de grandes ambitions et de grands besoins et qu’il faut lui accorder une grande attention. Alors, chères collègues, n’ayons pas peur de parler de nos problèmes et de nos besoins à toutes les personnes susceptibles de pouvoir nous aider : comité des maîtresses enfantines, commission scolaire, SPVal, inspecteur, directeur d’école… Parce que notre réflexe habituel qui est de se résigner ou de régler les problèmes par nos propres moyens laisse penser à nos autorités qu’il n’y a pas de problèmes en enfantine. Et s’il n’y a pas de problèmes, le DECS n’a pas besoin d’y apporter des solutions…
Séverine Damay-Reuse
Pêchés au fil des interventions…
Le petit enfant se rend compte qu’il est capable de piloter le regard de l’autre et de l’orienter vers la chose qu’il indique.
Un désir satisfait s’éteint, un désir empêché nous apprend à vocaliser.
Il faut se mettre à la place de l’autre pour convenir de la parole.
Quand le petit enfant comprend que ce qu’il voit sur le corps de l’autre représente l’invisible, il prépare une passerelle au langage.
La négligence sévère est la forme de maltraitance la plus susceptible d’entraîner des problématiques langagières.
Des difficultés de mémoire immédiate ou de reproduction des rythmes sont des signaux d’alerte de la dyslexie.
Dans le développement du langage chez l’enfant, l’adulte a un double rôle : donner des modèles et renvoyer un retour positif et enrichi..