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Tourner casaque ou le syndrome d’Astana

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Depuis de nombreuses années, on essaie d’apprendre l’allemand à l’école primaire. Bientôt l’anglais s’ajoutera au menu d’une carte déjà bien chargée. Cette débauche d’énergie pour les langues étrangères doit-elle nous inquiéter du niveau de compétence que nos élèves atteindront en français ?

Elle est, selon certaines définitions, celle dans laquelle l’élève pense et s’exprime le mieux, on l’appelle aussi langue maternelle. A notre époque fertile en flux migratoires, elle diffère souvent de la première langue enseignée à l’école : la L1 du jargon des spécialistes. Dans nos classes hétérogènes et parfois hétéroclites, il faut mettre en place un langage commun, compris de tous. Ce parler doit permettre toutes les subtilités, les infimes nuances et offrir une large palette de qualificatifs indispensables à l’acquisition des savoirs. Dans nos contrées de Suisse occidentale, ce vecteur de culture est le français. Le laisser s’appauvrir, c’est tamiser la transmission des connaissances avec un crible dont les mailles se resserrent inexorablement.

Il ne s’agit pas ici de porter haut l’étendard de l’orthographe en hurlant que nos potaches ne savent plus écrire chrysanthème ou hiéroglyphe. La dictée de Mérimée a de tout temps fait des victimes de haut niveau, elle ne les a pas empêchés de réussir. L’urgence est ailleurs. Elle se cache dans l’anorexie du vocabulaire. Elle avance masquée lorsque le moindre synonyme devient un "machin". Elle doit nous interpeller lorsque les faux amis deviennent interchangeables ou lorsque qu’on tue les expressions avec le dos de la cuillère qui se confond avec celui de la main morte.

Rousseau affirmait : "Les têtes se forment sur les langages, les pensées prennent la teinte des idiomes, l’esprit, en chaque langue, a sa forme particulière." Si nos élèves peuvent encore le comprendre aujourd’hui, tout n’est pas perdu. S’ils traitent cette phrase de charabia, il est temps de retrousser nos manches.

Certains enseignants jugent la vivacité langagière de leurs élèves à l’aune de leur capacité à saisir les jeux de mots. Si ceux-ci sont pratiquement toujours intraduisibles, c’est bien en raison de leur utilisation des différents sens que chaque langue attribue à un mot. Les ignorer c’est passer à côté de sourires amusés c’est aussi s’absenter de la communication. L’utilisation des expressions peut également servir de thermomètre mesurant le degré des compétences langagières : un élève qui admet vous devoir une fière chandelle lorsque vous lui avez prêté main forte vous prouvera qu’il connaît ses classiques.

Le choix du titre de ce billet est un peu tiré par les cheveux, je n’ai pas résisté au plaisir de jouer avec la compréhension biaisée de quelques expressions de notre langue. Il serait en effet malheureux que, dans l’avenir, nos élèves croient que "tourner casaque" signifie s’entraîner dans un vélodrome avec l’équipe Astana et que la "grande boucle" est plutôt ringarde en tant que retraite silencieuse… Voilà, les retombées du passage du Tour dans notre canton ne sont pas toutes touristiques et si elles nous font prendre conscience que nous sommes d’abord francophones, on n’aura pas pédalé pour rien.

Je retourne à mes préparations de français pour la prochaine année scolaire que je décrète "année du jeu de mot". Mes petits quatrièmes devront souquer ferme pour venir à bout des exercices que je leur prépare en écoutant les truculents délires verbaux de Sanseverino. Bonne année scolaire à tous !

Didier Jacquier, Président SPVal

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