La loi scolaire de 1962 le prescrit à son article 2 : L’école valaisanne a la mission générale de seconder la famille dans l’éducation et l’instruction de la jeunesse. S’agissant de seconder la famille, les enseignants ne peuvent qu’adhérer à cette idée. Encore faut-il que la famille fasse sa part du travail. Quand des enfants arrivent à l’école enfantine et qu’ils entendent pour la première fois de leur vie le mot « non ! », il ne faut pas être étonné que les enseignantes de ces degrés aient vu leur pensum s’accroître notablement par rapport à une époque où toutes les mamans sermonnaient avant la rentrée scolaire : « Tu écouteras bien ce que te dit la maîtresse ! ». Quand un jeune de 6ème ose venir sans avoir fait ses devoirs sous prétexte qu’il était avec ses parents à la Placette la veille, il ne faut pas être étonné que l’école puisse être perçue comme un épiphénomène gênant dans la vie de certaines familles.
Ajoutons à cela une mission éducative « à tiroirs », dans laquelle on veut former au goût, à la qualité des petits déjeuners, au port du casque à vélo, à la prévention des avalanches, de la cigarette, de l’alcool, des drogues, des abus sexuels, à la lutte contre le sur-poids, la mal-bouffe, le Coca-Cola, à la circulation routière, au port de la ceinture de sécurité, au tri des déchets, etc…, etc…
En manifestant en retour de la consultation un certain ras-le-bol face aux tâches éducatives, les enseignants n’ont pas remis en cause leur mission générale d’éducation en complément de l’action des familles. Ils n’ont pas remis en cause la mission qui consiste à « conduire dehors ou plus haut » le petit d’humain qui leur est confié. Ils n’ont pas remis en cause non plus la formation de l’esprit, du sens critique, des facultés intellectuelles, du sens moral, indissociable au fond de l’acte d’instruire.
Ils ont signifié leur exaspération face à une société qui finit par mettre tout sur le dos de l’école, tout en reprochant par la suite à celle-ci de ne plus atteindre ses objectifs, quand ce n’est pas tout simplement de ne former que des nuls. Ils ont voulu marquer leur exaspération face à des familles, peu nombreuses heureusement, qui ne veulent plus assumer leur part du mandat et qui vont à l’encontre même de leur action.
Aimer ses enfants pour un parent, ses élèves pour un enseignant, c’est avant tout fixer des limites, des principes, une voie. Aimer ses enfants, c’est être un adulte présent, fort, sûr de lui, qui n’a peur ni de guider ni de gronder. La mode n’est pas à cela. C’est ce qui rend la tâche des enseignants de plus en plus pénible. C’est pourquoi ils ont manifesté leur ras-le-bol dans la phase de consultation.
Jean-Claude Savoy Président de la SPVal