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Plus de culture pour ceux qui ont le moins

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Pour les jeunes qui ont la chance de fréquenter nos collèges valaisans, il ne fait aucun doute qu’ils ont ainsi accès à un monde culturel très riche par le programme d’études, mais aussi par les multiples activités que l’école met en place pour eux. La presse valaisanne s’en fait largement l’écho, souvent par des doubles pages qui donnent la parole à divers intervenants, voire aux étudiants eux-mêmes. Les journalistes aiment les collèges, dont ils sont pour la plupart issus. Les collèges savent mobiliser la presse si nécessaire.

Tout cela est très bien en soi et tant mieux si l’élite scolaire de notre canton peut disserter à propos de l’unité cantonale et rencontrer des philosophes et écrivains. Tant mieux encore si les voyages d’études les conduisent à Florence, Rome, Barcelone ou Prague. Tant mieux si certains font le choix de chanter dans l’excellent chœur des collèges et accèdent ainsi aux grandes pièces du répertoire. Bravo donc à nos collègues enseignants qui savent mobiliser toutes leurs énergies au profit d’une jeunesse qui a la chance d’avoir encore toutes les opportunités ouvertes.

Qu’en est-il des autres ? De ceux qui n’ont eu que l’apprentissage comme choix et qui se retrouvent donc à 15-16 ans dans un garage, une entreprise de travaux publics, un salon de coiffure, une boulangerie, … La semaine, c’est quatre jours de travail sur le terrain, dans le froid ou la chaleur pour les uns, relégués à des tâches peu glorieuses pour les autres. C’est quatre jours au fond d’une fouille, sous la pluie, dans la poussière. C’est quatre jours à laver des cheveux ou à balayer le salon. Et puis il y a un jour de cours professionnels, avec du français, des mathématiques, etc…. comme à l’école. Il y a encore le travail à domicile sur des exercices de grammaire et de technologie. Là, pas de double page dans le Nouvelliste, pas de voyage à Paris, pas de rencontre avec Jean Romain, pas de cantate de Bach accompagnée par l’orchestre du conservatoire cantonal.

Cette jeunesse, privée de culture, n’a plus que celle des fins de semaine. Si personne ne la stimule, elle aura quelque peine à se diriger vers la fondation Gianadda ou le Festival de Sion. Plusieurs questions se posent dès lors :

- Plutôt que de s’entêter avec des branches scolaires que les apprentis ont déjà goûtées et dont certains ont été dé-goûtés, ne devrait-on pas pousser cette jeunesse avec des branches éducatives et culturelles, sans négliger bien sûr l’aspect professionnel de la formation ?
- Ne devrait-on pas encore encourager plus les associations qui agissent spécifiquement dans ce domaine : groupes musicaux, troupes de théâtre, chœurs de jeunes ?
- Dans le sens de la discrimination positive, ne devrait-on pas donner plus à ceux qui ont le moins en matière culturelle ? C’est-à-dire à tous ces jeunes qui par choix ou parce qu’ils n’ont pas eu d’autre choix ont dû se résoudre à quitter le monde de l’école dès 15 ans.

Dans cette optique, l’école obligatoire doit demeurer ouverte sur le monde. Elle ne perd pas son temps à faire des spectacles et à visiter des expositions. Elle ne perd rien à écouter une conteuse et à peindre une fresque. Elle a tout à gagner à faire visiter des musées.

Un peu moins d’attribut du sujet, un peu plus de culture, quoiqu’en disent ceux qui estiment que l’école doit revenir à l’essentiel : calculer, compter, écrire, lire.

Jean-Claude Savoy
Président de la SPVal

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