« Avant d’acheter un ordinateur, j’attends que sorte le dernier modèle. » Cette boutade, lancée par un proche, largement octogénaire, peut nous inciter à la réflexion sur l’évolution ultra rapide des outils informatiques et la pertinence de leur utilisation dans les classes.
Il n’existe pas encore de statistiques sur l’implantation actuelle des TBI dans les écoles valaisannes. Cependant, au fil des rencontres et des discussions avec des collègues de tous horizons, on se rend compte que le Valais n’est pas à la traîne dans la mise au rancart du bon vieux tableau noir. Les investissements projetés, souvent sur plusieurs années, donnent naissance à un renouvellement progressif qui voit se succéder des modèles de générations consécutives. Il y a fort peu de temps on parlait encore de la focale des beamers et des ombres portées sur les surfaces. Aujourd’hui, on nous dit que l’angoisse de la fin de vie d’une ampoule ne sera bientôt qu’un mauvais souvenir et on nous parle d’écran sans projecteurs, lumineux et précis et, évidemment, en haute définition. La science fiction frappe à la porte de nos classes et bouleverse les pratiques quotidiennes. Qu’en est-il des moyens d’enseignements ? Le virage à négocier pose de multiples questions. Là où l’on parle d’alléger les cartables en substituant les tablettes aux lourds ouvrages de papier, on néglige la forte inertie du système. Une anticipation est cependant nécessaire. On mise encore sur le papier en lui ajoutant quelques documents PDF censés faire le lien avec la technologie. Mais cette solution ignore l’immense plus-value apportée par l’interactivité. Les mises à disposition anticipées de matériel qui fournissent d’abord des versions numériques se heurtent au sous appareillage en matériel d’impression ou au transfert des coûts vers l’utilisateur. De plus, la diversité des niveaux d’équipement d’une école à l’autre ne permet pas le choix d’une variante unique. Chez les uns on a hâte de passer du papier au numérique et chez les autres on tempête de devoir transformer le numérique en papier pour les élèves. La transition du livre au TBI ne passe pas par un simple scannage des ouvrages. Les formats sont différents et la présentation verticale des pages de papier restreint la vision horizontale utilisée par les nouveaux tableaux. Les futures réalisations devraient tenir compte de ce changement de format pour s’adapter harmonieusement aux nouveaux outils.
Quelques expériences de chercheurs décrites en vidéoconférences sur l’Internet mettent en évidence la prodigieuse facilité avec laquelle les élèves s’approprient les nouvelles technologies. L’adulte, moins malléable que la plupart de ses disciples, s’interroge sur le bien-fondé de certains de ses gestes. La remise en question débouche sur une redéfinition des rôles. La phrase « Un bon maître a ce souci constant : enseigner à se passer de lui. » échappée de la plume d’André Gide prend une résonnance nouvelle. Il s’agit aujourd’hui de cibler les actes utiles en abandonnant les routines désuètes. Le métier change, des pratiques doivent être mises à jour. Comment resteront-ils indispensables ces enseignants ? Peut-être faudra-t-il qu’ils s’investissent dans les domaines qui échappent aux machines. Souvent balloté d’une garde à l’autre, le potache est en manque de repères. Les écrans changent trop vite pour devenir des balises. C’est là que l’humain à son rôle à jouer.
Didier Jacquier
Président SPVal