Force est de constater que la pratique du classement reste bien ancrée chez nous tous. On se surprend à rendre les épreuves selon leur degré de réussite et à faire de même pour les bulletins scolaires. On glisse dans les évaluations la petite subtilité qui va permettre de distinguer encore mieux parmi les meilleurs, de faire émerger ceux qui ont des compétences supérieures, d’affiner encore le classement parmi ceux qui maîtrisent déjà les objectifs. On est mal à l’aise quand une épreuve est trop bien réussie par tous les élèves. On est tenté d’ajuster le barème, voire de rendre le test suivant un peu plus ardu.
On distille le 6 avec parcimonie, surtout dans des disciplines qui laissent plus de part au jugement personnel : la composition, l’éducation musicale, le dessin, les ACM, etc.. Le 6 est effectivement embêtant, car il ne permet plus ce fameux tri des élèves que l’on reproduit comme on l’a subi. On met alors 5.9 ou, plus subtil, 6 +.
Comme tout tourne alors autour de la note, l’élève se focalise sur elle. Pour l’obtenir bien sûr, mais aussi pour la contester quand il trouve qu’il aurait dû obtenir mieux que son voisin. On voit bien que ce n’est plus l’apprentissage qui l’intéresse, mais la note qu’il obtiendra. Puis, pour les élèves qui se trouvent en queue de classement, c’est toujours la même humiliation. Même si les objectifs sont atteints, ils demeurent en queue. Ils n’ont pas d’autres possibilités, puisque dès lors que l’on classe, il faut des premiers et des derniers. Allez vous étonner alors que ces enfants n’aient plus faim.
Jean-Claude Savoy
Président de la SPVal