VAUD - "Ils surveillent leurs élèves à leurs risques et périls" (20min.ch, 6 septembre 2015)
"Que faire des élèves entre la porte du bus et celle du collège? De nombreuses communes se posent la question. Chargées d’organiser le transport des écoliers, elles sont responsables des enfants jusqu’à leur prise en charge par les enseignants, qui commence cinq minutes avant le début de la classe et cesse à la sonnerie. Or les horaires des cars ne coïncident pas toujours avec ceux des cours. Entre les deux, il y a une zone grise. «On découpe les temps de prise en charge entre différents intervenants et ça donne des petits bouts d’emploi du temps assez flous», commente Gérald Wist, municipal des écoles à Oron, qui pointe du doigt un manque de vision globale. Il souligne toute la difficulté de trouver des gens «qui acceptent de travailler quatre fois un quart d’heure par jour».
Dans certains collèges, des enseignants acceptent de superviser les enfants durant ces laps de temps. «Ils le font par conviction, mais ils sont en contradiction avec la loi et leur direction», commente Didier Amez-Droz, syndic de Montricher. Ces tâches étant extérieures à leur cahier des charges, «ils s’engagent à titre personnel», note Michael Fiaux, porte-parole du Département de la formation. En cas de problème, leur propre responsabilité pourrait être engagée. «On ne laisserait pas tomber un prof qui a assumé un surplus de travail, ajoute toutefois Didier Amez-Droz. Je pense qu’on l’aiderait.» Jusque-là, le cas ne s’est jamais présenté.
A Oron et dans les environs, les autorités ont essayé de proposer aux profs de les payer «afin qu’ils soient couverts par l’assurance de la commune», mais seule une institutrice a accepté, se rappelle Gérald Wist. A Montricher, personne n’a accepté de signer un contrat. Pour la Société pédagogique vaudoise, la question ne se pose même pas: «Ce n’est pas le rôle des enseignants. Cela appartient aux communes», insiste Gregory Durand, son président. «Il y a peut-être des collègues qui le font parce qu’il y a des manquements au niveau de certaines surveillances des bus par les communes et c’est regrettable.» Si l’entité n’a pas pour intention d’incriminer ces instituteurs, elle leur enjoint de ne pas assumer ce surplus de travail, même sous contrat : «Un enseignant n’a pas à faire des heures supplémentaires pour surveiller les bus. Je préférerais que, lorsque les cours sont finis, il prenne davantage de temps pour organiser ses cours, voir de quelle façon il pourrait aider les élèves en difficultés et rencontrer les parents et les partenaires liés à l’enseignement spécialisé.»
Source : 20min.ch