"Réunion de parents: la classe!" (Migros Magazine, 21.10.13)
Heureux parents d’un enfant en âge scolaire, vous avez sacrifié à ce plaisant rituel de l’automne: la réunion de parents d’élèves. La mode consiste à placer cette cérémonie de plus en plus tôt parce qu’il ne faudrait pas se mettre de nuit, voyez. Du style 18 heures à Genève alors que vous travaillez à Lausanne ou l’inverse. Dans un monde où partir du travail à 17 h 30 est considéré comme prendre son après-midi, c’est vachement pratique.
Après, il y a le lieu. Chez les tout-petits c’est convivial, on vous assied sur des chaises miniatures à 30 cm du sol. Après une journée de boulot et une heure de train, ça détend. Chez les plus grands c’est bien aussi. Là, en entrant dans une classe, je me suis dit: «Tiens, chez les gars qui ont pris trente ans à Bochuz ça doit être plus sympa.» Quand on pense que l’on repeint les cellules de certaines prisons en rose, on pourrait déjà repeindre les salles de classe en euh… n’importe quoi pourvu que ça fasse propre.
En ce qui concerne les profs, ce sont les modèles standard: celle qui vous parle comme si vous aviez 5 ans vous aussi, et à l’inverse celle qui vous parle dans un langage pédago-incompréhensible.
Il y a aussi celui qui n’a pas changé son gilet depuis les années 70 et ses cours non plus, celle qui ne s’est pas remise de la dépression de l’an passé et qui est déjà en burn-out, celui qui vous met des graphiques illisibles sur un rétroprojecteur datant de Mathusalem.
Enfin il y a les parents. En quinze ans on a tout vu passer. Celui que vous auriez envie d’inviter au dîner de cons, et qui pose LA question débile du jour sur pourquoi les bureaux sont comme ça et pourquoi mon enfant n’est pas devant. Et surtout, tous les parents de génies. Ouh là là qu’est-ce qu’on a comme surdoués en Suisse romande! Comment? Ils ne lisent pas Kant en 3P, c’est incroyable, ma fille savait lire à 18 mois! Comment, vos enfants n’ont pas sauté une classe? Ben non. Ils sont juste très bons élèves dans leur classe d’âge. Eh les parents d’Einstein, rendez-vous dans dix ans… Et chers amis profs… rendez-vous l’année prochaine!
Source : Migros Magazine