"Mais que veut Freysinger?" (Lenouvelliste.ch)
source : Le Nouvelliste.
"Depuis son entrée en fonction, le conseiller d'Etat Oskar Freysinger s'est retrouvé attaqué de tous les côtés. Quelle est sa vision pour son département?
Oskar Freysinger, vous vous retrouvez à nouveau sur le devant de la scène médiatique pour avoir accordé cinq jours de congé aux enseignants désirant aller à la chasse...
(Rires), Je n'ai rien accordé du tout. Ce congé existe depuis longtemps. Il ne s'applique pas seulement à la chasse mais également dans d'autres circonstances, comme la participation à l'ensevelissement d'un ami, une situation de crise, etc.
Jusqu'ici, de telles demandes de congé passaient par les différents services du département, avec un préavis du directeur. Désormais, et c'est le sens de la directive, ce sera le directeur qui pourra accorder le congé. Parce qu'il est mieux à même de juger. Parce que cela diminue la bureaucratie. J'applique simplement le principe de la subsidiarité.
Vous avez augmenté le personnel qui vous entoure, en accordant un mandat extérieur de chargé de communication. Etait-ce vraiment nécessaire? Votre prédécesseur n'en avait pas besoin.
Je rappelle juste qu'avec la même équipe dans mon état-major, je dois gérer un département qui a doublé de volume, puisque, en plus de la formation, mon département comprend les six services de la sécurité. La moitié du personnel de l'Etat fait partie de mon département. Le secrétariat général n'arrive plus à tout faire, d'où cette décision d'outsourcer. Mais en stoppant la diffusion de la brochure onéreuse produite par le département jusqu'ici et en optant pour ce mandat externe à la place, je fais économiser beaucoup d'argent à l'Etat.
On a beaucoup parlé de Jean-François Lovey. Comment se passent vos rapports avec vos autres collaborateurs?
Je ne veux pas de rapport vertical, hiérarchisé. Je travaille avec des collaborateurs, pas avec des subordonnés. On se tutoie. On s'informe mutuellement. Je me déplace physiquement vers eux. Je veux que chacun ose prendre les décisions qui sont de son ressort. Je ne dois pas toujours tout décider.
A propos de bureaucratie, plusieurs enseignants du CO estiment que la nouvelle loi qui les régit a introduit trop de paperasserie.
Tout ce qui pourra être amélioré sans modification législative sera fait. Pour le reste, il faudra ajuster la loi dans les deux ou trois ans, en tirant les leçons de l'expérience.
Quelle est votre vision du rôle de l'école et des enseignants?
Les enseignants doivent à nouveau être fiers de leur métier. Comme un chef d'entreprise, je leur dis: «La société a besoin de vous.»
L'école est là pour transmettre un savoir nécessaire à la survie dans le monde moderne.
L'enseignant n'est pas un coach réduit à animer la classe. L'enseignant est un maître qui transmet un savoir, qui transmet des techniques. L'élève grandit au contact de ce savoir, il grandit humainement en étant confronté à des difficultés.
C'est l'école dont je rêve. Ce n'est pas celle de mai 68, ni celle de grand-papa.
La pédagogie n'est pas une science exacte. Il n'y a pas une pédagogie pour tous, qui s'appliquerait à chaque élève de manière indifférenciée. Il y a une manière d'être de l'enseignant qui doit traiter chaque élève comme un être unique et irremplaçable.
Comment allez-vous mettre en place cette école?
La meilleure école dépend d'abord de l'état d'esprit des enseignants (sourire). Je pense que la plupart des enseignants ont continué à transmettre le savoir de cette manière, c'est ce qui a sauvé l'école valaisanne. Ils ne se sont pas soumis à Education 2000 qui a insidieusement été introduite par tranches.
Au niveau de la sécurité, quelle est votre priorité d'action?
Le principal problème est celui des prisons. Nous n'avons pas suffisamment de personnel. Les employés se retrouvent à la limite du supportable. Il ne sera pas possible de gagner suffisamment de postes en restructurant. Il faudra engager. Je devrai convaincre le Grand Conseil de le faire. C'est la sécurité des personnes qui est en jeu. Il faudra également rénover Crêtelongue.
Un des principaux reproches formulés à l'encontre de la sécurité par l'UDC concerne le passage des frontières. Peut-on améliorer la situation?
Avant que je sois en fonction, la présence a été renforcée au poste frontière de Saint-Gingolph et la situation s'est immédiatement améliorée. Maintenant, on regarde si, malgré Schengen, il est possible d'augmenter les contrôles à la frontière dans les lieux de passages à Morgins et à Châtelard, notamment pour éviter la contrebande et l'insécurité.
Comment comptez-vous améliorer la sécurité en Valais?
Il faudra redéfinir les tâches entre les polices cantonale et communales. Tous les policiers ont désormais la même formation. On peut attribuer des fonctions supplémentaires à la police communale pour en augmenter l'attrait, ce qui déchargerait du même coup la police cantonale. En même temps, il faut décharger les agents des tâches administratives et la confier à du personnel administratif. C'est une manière d'augmenter l'efficacité sans augmenter les coûts."
Par Jean-Yves Gabbud, Le Nouvelliste.