"L'ombre du référendum plane déjà" (LeNouvelliste, 26 février 2014)
La fédération des fonctionnaires annonce qu'elle s'oppose aux réductions budgétaires.
"Le décret qui sera soumis en mars au Parlement relève du mauvais bricolage. S'il était accepté, la FMEP lancera un référendum" , a annoncé hier à la presse Michel Perruchoud, le secrétaire général de la Fédération des magistrats, des enseignants et du personnel de l'Etat du Valais (FMEP). Entouré des représentants des associations d'enseignants, Michel Perruchoud a fustigé les mesures d'économies budgétaires qui seront proposées en mars dans un décret par le Conseil d'Etat au Grand Conseil. Il n'hésite pas à parler de "coupes à la machette" .
Tous les députés ont été informés de cette position par une lettre commune signée par la FMEP, les associations d'enseignants de tous les degrés et l'association des parents d'élèves.
Les économies d'impôts contestées
La fonction publique se sent victime des baisses d'impôts décidées par le Parlement cantonal, comme l'explique le secrétaire général de la FMEP: " Le Conseil d'Etat le répète depuis des années, l'avenir financier sera difficile en raison du transfert des charges de la Confédération, de la crise mondiale et parce que la BNS ne peut plus distribuer de bénéfices aux cantons. Mais, en même temps que les nuages noirs s'annonçaient sur le ciel financier, le Conseil d'Etat et le Grand Conseil ont décidé une nouvelle baisse d'impôts de 42 millions en 2012. Et, évidemment, les nuages annoncés arrivent. Et là, des mesures sont prises, dans l'urgence et la précipitation, sans concertation avec le partenaire social."
Les premiers licenciements
Les premières mesures d'économie portent leurs premiers effets concrets sur le terrain.
La FMEP déclare ainsi que "depuis mercredi dernier, certains directeurs de CO du Valais romand ont dû faire signer à des enseignants la résiliation partielle ou totale de leur engagement pour l'année scolaire 2014-2015".
"A notre connaissance, une vingtaine d'enseignants ont reçu une lettre de licenciement" , précise Adrienne Mittaz, la présidente de l'association des enseignants des cycles d'orientation. Pour elle ce n'est là "que la partie émergée de l'iceberg" , puisque toutes les personnes concernées n'ont pas forcément averti leur association.
Au niveau de l'école primaire, aucune annonce écrite de licenciement n'a été relayée à la Société pédagogique (SPVal), mais des craintes se font jour. "Des personnes me disent être dans la charrette des licenciements" , indique Didier Jacquier, le président de la SPVal.
Des économies sont également prévisibles dans les collèges, mais ici les prévisions sont difficiles à effectuer, puisque les inscriptions des élèves viennent de se terminer.
Pas contre un examen des tâches de l'Etat
La FMEP conteste surtout la précipitation avec laquelle les mesures d'économie ont été envisagées.
Par contre, elle "ne s'oppose pas au principe d'économicité dans le fonctionnement de l'Etat" .
ANALYSE JEAN-YVES GABBUD
Les mesures d'économie prévues pour les budgets de l'Etat sont de plusieurs ordres.
Les amendements décidés par le Grand Conseil pour le budget 2014 de l'Etat du Valais nécessitent un total de 30,2 millions d'économie. Sur ce total, le Département de la formation et de la sécurité doit économiser 9,2 millions, dont 5 millions concernent le Service de l'enseignement. Pour atteindre cet objectif, ce dernier service a pris des mesures qui équivalent à la réduction de 78 postes pour l'année 2014-2015.
Ce chiffre de réduction de 78 postes est à mettre en relation avec les augmentations d'effectifs précédentes. Entre 2011 et 2014, le nombre d'enseignants, tous degrés confondus, est passé de 3326 à 3501 équivalents plein temps. Entre 2013 et 2014, il y a eu une augmentation de 93 postes.
Si l'on ne prend en compte que les degrés concernés par le Service de l'enseignement, soit les degrés enfantines, primaires, CO et Secondaire II, l'augmentation d'effectif a été de 45 postes entre 2013 et 2014, pour atteindre un total de 2968 équivalents plein temps. Avec la réduction de 78 postes, la différence sera donc de 32 ou de 1%.
Ces mesures sont entrées en force. Un éventuel référendum n'y changerait rien.
Un deuxième train de mesures sera proposé, sous forme de décret, au Grand Conseil lors de la session de mars. L'objectif est de trouver, à moyen terme, entre 72 et 75 millions de francs, la moitié environ en diminuant les dépenses et l'autre moitié en augmentant les recettes.
L'école est concernée par plusieurs propositions: réduction des décharges (-1,77 million en deux ans), passage de 34 à 32 périodes le temps de présence en classe des élèves en 3e CO (660 000 francs), diminution de 5% du salaire d'entrée pour les enseignants (510 000 francs en deux ans). Il est aussi proposé de renoncer à la baisse prévue du temps de présence en cours des profs de gym du collège, de 26 périodes de 45 minutes par semaine à 23.
C'est contre le décret contenant ces propositions de réduction que la FMEP menace de lancer un référendum.
D'autres mesures sont prévues à plus long terme. Le Conseil d'Etat a mandaté pour cela l'institut BAK Basel pour analyser les prestations de l'Etat.
Source : Jean-Yves Gabbud, Le Nouvelliste, édition du 26 févroier 2014