"Le néo-totalitarisme" (O. Freysinger, le Nouvelliste)

"Le système politico-économico-médiatique actuel a développé deux mécanismes pour rendre à sa botte les décideurs: soit il les désigne parce qu’ils ont un cadavre dans le placard qu’on peut mena- cer d’étaler en plein jour, soit il les achète à travers de lucratifs conseils d’administration et autres prébendes appelés «liens d’intérêt». Quant aux quelques individus qui préfèrent conserver leur li- berté et refusent de s’enfoncer dans la douce tié- deur de la corruption légale, ils ne sont certes plus éliminés physiquement, comme par le passé, mais symboliquement, par la destruction de leur image dans les médias qui sont devenus, tout en un, tri- bunal, échafaud et pilori.
C’est ce mécanisme auquel je suis confronté de- puis que le peuple valaisan a eu le culot de m’élire au Conseil d’Etat, sans se soucier des mots d’ordre du système. Ainsi, un retard à l’assermentation qui n’en était pas un, un drapeau historique acheté dans un musée, une erreur de semaine concernant une statistique criminelle, la menace d’une étrange confrérie appelée «versus 13», une pré- tendue indisponibilité à siéger en commission et une directive inexistante contre les enfants de sans-papiers permettent-ils, peu à peu, de démolir mon image jusqu’à ce qu’à la suite d’un hallali fi- nal, on espère me forcer – plus tôt sera le mieux – à abandonner cette lutte par trop inégale. J’aimerais ici rassurer les 56 913 personnes qui m’ont fait confiance le 17 mars. Même si les atta- ques vont se poursuivre sans discontinuer et s’am- plifier, je ne suis pas homme à céder face à la ma- nipulation et aux mensonges.
Au contraire, toute cette malveillance renforce ma détermination à continuer le combat en mettant mon imagination et ma force de travail au service du bien commun, quel qu’en soit le prix à payer. Je sais que le système ne peut me pardonner la dou- ble offense d’être resté libre et d’avoir été élu par la seule volonté du peuple. Je sais qu’il espère m’avoir à l’usure et que des pièges formidables m’attendent, mais je suis conscient que si j’aban- donne, si j’accepte d’être réduit au silence par peur des représailles médiatiques, la liberté de pa- role et la liberté tout court auront subi un coup mortel dans ce pays. Et ça, je ne peux l’accepter, car l’état de droit s’en trouverait réduit à devenir une coquille vide englobant l’hydre d’un néototali- tarisme cherchant à contrôler les consciences, les paroles et les actes des citoyens.
Que les vrais démocrates de ce pays soient rassu- rés: je résisterai!"

OSKAR FREYSINGER

CONSEILLER D’ÉTAT UDC

Source : Tribune politique, le Nouvelliste, édition du 27 mai 2013.