Intervention de Jean-Marc Haller à l’AD SPVAL de Saint-Léonard 2014
Monsieur le Président,
Monsieur le Conseiller d’Etat,
Monsieur le président de commune,
Monsieur le président de la SPVal,
Madame la présidente de la FMEP,
Mesdames et Messieurs les invités,
Mesdames et Messieurs les membres du comité de la SPVal,
Mesdames et Messieurs les présidents de district,
Mesdames et Messieurs les délégués,
Chers collègues,
Je vous remercie de votre accueil et de donner l’occasion à votre association faîtière romande, le SER, de prendre la parole.
Je vous adresse les cordiales salutations de vos collègues des six autres cantons romands par leurs représentants au Comité du SER, cordiales salutations aussi du président du SER, Georges Pasquier, qui regrette de ne pas assister à votre assemblée, retenu par deux congrès internationaux au Canada, le premier organisé par l’Internationale de l’Education dont vous faites partie et le second par le Comité syndical francophone de l’éducation et de la formation dont le SER est membre.
Les décisions économiques au niveau européen et mondial sont extrêmement préoccupantes pour l’avenir de la qualité de l’instruction publique. La Suisse n’est d’ailleurs pas en reste, puisque la dernière étude de Pisa a révélé que notre pays était le seul en Europe à avoir diminué en % du PIB ses investissements dans le domaine de la formation obligatoire.
Vous le savez bien puisque vous avez décidé de porter le débat devant le peuple pour défendre la qualité des prestations du service publique. Avant vous, les vaudois de la SPV sont descendus année après année dans la rue et on conduit ½ jour de grève, réussie, pour obtenir de réelles négociations et la signature de convention avec l’employeur Etat.
Vos collègues bernois du SEJB, fribourgeois de l’AMCOFF et de la SPFF, genevois de la SPG, jurassiens du SEJ et neuchâtelois du SAEN luttent actuellement pour limiter et contrer des mesures de restrictions budgétaires dans des conditions de concertation et de négociations très inégales.
Les citoyens suisses viennent de rejeter le concept du salaire minimum, privilégiéant par là-même celui des conventions collectives de travail, et pourtant vous vivez une situation paradoxale. Alors que vous bénéficiez, situation unique en Suisse d’une forme de CCT dans vos rapports avec l’Etat-employeur, vous subissez une dégradation de ce partenariat historique, au travers de la diabolisation du statut de fonctionnaire, de la volonté affichée de renoncer à dialoguer avec les associations professionnelles qui sont pourtant les représentants légitimes des fonctionnaires valaisans.
Il faut être présomptueux pour affirmer qu’on peut juger seul de ce qui est bon pour le système scolaire parce qu’on a été enseignant dans son canton.
J’ai travaillé pendant 18 ans dans le système vaudois avec des élèves de la 5e à la 11e année. Cela ne m’autorise pas, ni l’ensemble des enseignants d’un canton, ni les politiques à prétendre posséder la connaissance suffisante de ce qui est juste pour l’Ecole.
Si les chefs de département de l’instruction publique des cantons romands ont signé une convention scolaire romande, c’est parce qu’ils étaient conscients que les solutions pour améliorer le système dépassent dorénavant la dimension cantonale.
Le SER est donc très attentif à rassembler les forces et les intelligences des différentes associations d’enseignants afin que les projets politiques, suite notamment aux conséquences de la fameuse RTP et la mise en en œuvre de l’accord sur la pédagogie spécialisée, aillent dans le sens de l’amélioration et de la convergence des systèmes scolaires cantonaux dans le respect des diversités culturelles qui font la richesse de la Suisse romande.
La préoccupation du SER est avivée par le fait que la la CIIP, la Conférence des chefs de l’instruction publique de Suisse romande et du Tessin, pour la première fois de son histoire, voit arriver quasi-silmutanément 4 nouveaux membres, Mesdames Monika Maire-Hefti, Anne-Emery Torracinta, MM. Jean-Pierre Siggen et Oskar Freisinger.
Le risque existe que la culture commune développée tout au long de ses années soit mise peu ou prou à mal par certains des nouveaux venus. Il n’est pas possible aujourd’hui de déterminer quelle orientation la CIIP va donner à notre avenir commun, mais le SER luttera pour que les grandes lignes pédagogiques promues par les enseignants et enseignantes de Suisse romande perdurent et que leur incontestable expertise continue à être reconnue.
Tous les efforts qui ont été réalisés ces dernières années par les professionnels, et qui ont abouti à mettre en place un système éducatif, certes perfectible, sont maintenant menacés par des mesures et des injonctions qui ressemblent plus à une gestion administrative de centres de production, qu’au pilotage d’institutions en charge d’êtres humains en devenir, parfois fragiles, qu’il faut davantage accompagner dans leur développement que formater et sélectionner. Les pressions administratives prennent une ampleur telle qu’elles nous éloignent de nos légitimes engagements pédagogiques et humanistes.
De plus et de plus en plus souvent, les problématiques scolaires enjambent allègrement la barrière de röstis. Dans le dossier des langues nationales, cette barrière s’est déplacée à l’est pour se situer sur la Reuss. Pour cette raison, le SER intensifie sa collaboration avec l’association faîtière alémanique LCH.
Les attaques et les problèmes que rencontre l’école outre Sarine sont d’autant plus aigus que les sujets scolaires sont très politisés et que nos compatriotes alémaniques sont encore à préconstruire une harmonisation que nous avons la chance d’avoir vu se développer depuis longtemps.
Les prises de positions communes des romands et des alémaniques s’affirment et se multiplient. Le 10 septembre prochain, une conférence des présidents élargie des associations du SER et de LCH permettra d’affirmer notre position sur le dossier des langues nationales et au sujet de l’initiative fédérale contre la sexualisation de l’Ecole.
Tout ce travail, chers collègues, est mené grâce à un engagement conséquent de vos responsables. J’aimerais chaleureusement remercier au nom du SER votre Président, Didier Jacquier, qui assume ses mandats de façon remarquable, votre comité et tous les collègues de la SPVal qui sont actifs au sein du SER et dont une importante délégation était présente samedi dernier lors de notre assemblée des délégués.
L’année 2014 – 2015 sera à marquer d’une pierre blanche, puisque notre faîtière romande et sa revue fêtent leurs 150 ans. C’est en effet le 26 septembre 1864 que l’association naissait, et c’est au mois de janvier 1865 que paraissait le premier numéro de l’Educateur. Un magnifique ouvrage retraçant certains pans de cette histoire et l’évolution du système scolaire en Suisse romande au travers de thématiques est en préparation et nous célébrerons comme il se doit un siècle et demi d’une histoire pédagogique dont nous pouvons être fiers.
En outre, il ne faut pas oublier l’organisation par le SER de trois manifestations très importantes :
le 27 septembre, Les Assises romandes de l’Education, sur le thème « Education sans avenir », vont se centrer sur le passage sec I – secondaire II , pour les jeunes en difficulté, qui se retrouvent dans des « cul de sac » en arrivant dans la vie active.
le 26 novembre, La journée de l’enseignement spécialisé, intitulée « enseignants ordinaires – enseignants spécialisés , collaboration sous tension » abordera et interrogera l’organisation de cette école qui se veut intégrative, voire inclusive et la collaboration entre les professionnels confrontés aux réalités quotidiennes.
et durant la semaine du 17 au 21 novembre, la Semaine romande de la lecture, sous le titre « lire, dire, improviser, la Vie comme si… » abordera l’expression orale des textes.
En vous remerciant pour votre attention, en saluant votre engagement pour votre profession, pour l’école valaisanne et au sein de la Romandie, je vous souhaite une excellente suite d’assemblée.
Jean-Marc Haller, secrétaire général du SER