Discours de Didier Jacquier à l'AD SPVal de St-Léonard 2014
Monsieur le Conseiller d’Etat,
Monsieur le Président de la Commune,
Mesdames et Messieurs les invités,
Mesdames et Messieurs les représentants de la Presse,
Chers Délégués,
J’ai longtemps hésité avant de choisir la citation qui ouvrirait mon intervention d’aujourd’hui. Je cherchais une phrase construite autour du mot exister. On en trouve évidemment des centaines sans trop se fatiguer dans les pages des sites Internet spécialisés qui vous évitent de lire tout un livre pour n’en retenir qu’une seule phrase. Notre époque est ainsi faite qu’il faut rentabiliser le temps qui nous est alloué. Il faut économiser dans tous les domaines y compris dans celui de la lecture, activité formatrice par excellence, à condition que l’on ne se contente pas de lire les grands titres des journaux ou les citations que d’autres ont sélectionnées pour vous.
Ma recherche étant mise en péril par une avalanche de propositions toutes aussi intéressantes les unes que les autres, j’en suis venu à me demander s’il était judicieux de commencer par des mots qu’un autre que moi aurait écrits. Mon amour des phrases bien construites allait-il me faire oublier que la recherche du bijou le mieux ciselé est une activité chronophage quand, comme beaucoup d’enseignants, on a tendance à tremper dans un perfectionnisme maladif.
Et c’est là que je me suis interrogé sur ce besoin étrange qui me poussait à trouver une formulation littéraire qui parlait du mot exister. Une profonde auto-psychanalyse m’a conduit à découvrir que je souffrais d’un mal étrange depuis une date précise que j’ai mis du temps à découvrir. Mon obsession du mot exister remonte au 3 mars 2014. Ce jour-là, la lecture de la version numérique du quotidien de la plupart des Valaisans instillait dans mon inconscient un syndrome étrange. Une seule phrase avait suffit pour que le mal pénètre en moi. Près de trois mois plus tard, je peine encore à la prononcer sans fondre en larmes. J’essaie cependant de vous livrer cette phrase à l’origine de mes tourments : « Y a-t-il encore une Société Pédagogique Valaisanne ? »
Pour le commun des mortels cette interrogation peut paraître anodine. Pour les enseignants, la formulation est inquiétante. Pour moi, cette question signée par le Chef du DFS marquait le début d’un traumatisme.
D’éminents psychologues affirment que la meilleure thérapie pour traiter une obsession est d’en parler le plus possible. La tribune dont je dispose aujourd’hui constitue donc une occasion de marcher vers la guérison. Pour cela, il faut que je vous décrive l’angoisse qui habite mes nuits depuis ce jour funeste. Régulièrement, vers trois heures du matin, je m’éveille en sueur en criant « Oskar Freysinger existe-t-il ? » Avant de se résigner à faire chambre à part, mon épouse a essayé de me réconforter pour m’aider à retrouver le sommeil. Je me souviens de ses paroles apaisantes lorsqu’elle me murmurait : « Calme-toi, il existe. » Il me fallait des preuves, alors elle rajoutait : « Tu lui as même écrit des lettres. » Je me calmais momentanément avant d’être repris par l’angoisse et de lui répondre : « Beaucoup d’enfants écrivent au Père-Noël. Cela ne prouve pas qu’il existe ! »
Il ne faut pas rester seul avec un problème psychologique. J’en ai donc parlé à mes collègues du comité SPVal. C’est à ce moment-là que j’ai appris qu’ils souffraient du même mal que moi. Dès que nous avons enfin pu parler de nos problèmes, nous avons entrepris une thérapie de groupe. La caisse-maladie Concordia-SPVal a accepté de prendre en charge les frais de guérison. Consulté, un éminent psychiatre nous a appris que le problème n’était pas du côté de l’existence d’Oskar Freysinger mais de notre existence à nous. Il nous a expliqué que nous devions nous persuader avec des preuves tangibles que le monde pédagogique valaisan ne pouvait pas exister sans la sève nourricière que la SPVal fait couler dans les couloirs et les classes de nos écoles. Là nous avons remarqué que notre psychiatre était un peu poète. Pour nous soigner, il nous a tous couchés sur des divans. Nous avons longuement parlé, chacun et chacune intervenant à son tour pour expliquer ses ressentis ou s’exprimer sur ses craintes ou sur ses projets. Après analyse, les conclusions sont tombées. Pour vous rassurer, je résume rapidement les propos qu’il nous a tenus après nous avoir entendus. Ces phrases nous on fait du bien. Elles ont activement contribué à notre guérison collective. Dès maintenant, je cite notre psychiatre qui a intitulé son exposé :
Les sept preuves de l’existence de la SPVal (Je cite.)
1ère preuve
La SPVal existe car elle est en train de mettre en place une bibliothèque numérique en collaboration avec le projet Ardon classes numériques. Cette plateforme d’échange de ressources devrait être ouverte aux membres à la prochaine rentrée. Comme la classification des documents se fait sur la base du plan d’étude romand et qu’elle est prévue pour les trois cycles de la scolarité obligatoire, une proposition d’associer l’AVECO à cette plateforme sera faite prochainement.
2ème preuve
La SPVal existe car elle est en train de mettre en place une grande manifestation qui mettra en vitrine le travail réalisé dans les classes valaisannes. Tous les enseignants membres de la SPVal ont été invités à réfléchir pour découvrir comment intégrer leur travail au quotidien dans ce grand projet fédérateur appelé Balade des Savoirs qui se déroulera à Martigny le 17 janvier 2015.
3ème preuve
La SPVal existe car elle s’engage pour défendre les conditions de travail de ses membres. En relayant la voix des moins favorisés comme les enseignants AC&M pour qui vous avez relevé que ce n’est pas parce qu’on est enseignant d’activités manuelles que l’on supporte mieux de voir l’employeur utiliser le rabot sur les salaires. Un deuxième exemple en est l’assemblée générale des enseignants des 1 et 2ème années HarmoS qui s’est tenue à Martigny le 13 mai dernier. Invité à participer à la rencontre, Monsieur Freysinger a eu l’occasion d’entendre les participantes et de prendre connaissance des revendications de celles-ci. En tant que psychiatre, j’aimerais vous livrer une analyse qui a peut-être échappé aux enseignants que vous êtes. Vous avez annoncé la présence de 280 personnes. Sur le plateau de Canal9 M. Freysinger a annoncé avoir parlé à 300 enseignantes. Si l’on analyse scientifiquement ces affirmations, on peut donc dire que dans les yeux du Chef de Département, une maîtresse enfantine pèse environ 1.08 personne normale. Il est donc totalement surprenant que sur les fiches salariales de l’Etat du Valais ce rapport soit inversé et que lesdites maîtresses ne pèsent que 0.92 du salaire d’un enseignant primaire.
C’est à ce moment-là que nous avons découvert que notre psychiatre n’était pas seulement poète mais également fin mathématicien.
Je reviens à la citation.
4ème preuve
La SPVal existe car elle dispose d’un site Internet performant fréquemment mis à jour. Les thématiques développées proviennent de différents courants de pensée et les visiteurs peuvent participer aux débats en laissant des commentaires. La liberté d’opinion leur permet d’émettre des avis qui peuvent ébranler certaines certitudes ou mettre en question des choix peu courageux ou surprenants décelés chez les élus.
5ème preuve
La SPVal existe car elle dispose d’une caisse-maladie qui prend en charge les thérapies de groupe. Cette caisse s’occupe également d’entretenir votre santé en vous offrant un sac à dos qui vous encouragera à entreprendre de roboratives randonnées estivales. Jusqu’à la fin de l’année, ce contrat collectif sera géré par Mme Myriam Albasini qui fonctionne à ce poste depuis plus de 20 ans. En décembre, vous aurez l’occasion de la remercier à l’occasion de son départ à la retraite. Dès le mois de janvier 2015, ce contrat sera géré par le bureau Concordia de Sion qui a engagé une personne pour s’occuper spécifiquement des prestations fournies aux membres SPVal.
6ème preuve
La SPVal existe parce qu’elle est née en 1968 de la fusion de la société des instituteurs avec celle des institutrices. Elle fêtera donc en 2018 son cinquantième anniversaire. La SPVal a donc survécu à de nombreux conseillers d’Etat et continuera de le faire à l’avenir.
7ème preuve
La SPVal existe parce qu’elle élit chaque quatre ans une personne qui tient la barre de l’association. L’année 2015 sera une année électorale et les membres auront l’occasion de se choisir un nouveau président ou une nouvelle présidente. Dès la rentrée scolaire prochaine, les comités de districts seront appelés à présenter des candidatures pour l’élection qui se fera lors d’une assemblée de délégués extraordinaire organisée au début février 2015. Dès le mois d’août 2015, une nouvelle gouvernance sera donc en place.
Je clos ici la citation. Les psychologues ont raison, on se sent mieux lorsqu’on a parlé de ses soucis. Mais je me rends compte à l’instant que je n’ai pas encore fait état de la citation que j’avais retenue pour introduire mon propos. Comme j’arrive au terme de mon intervention, il n’est plus nécessaire que je le fasse et en bon provocateur je vous laisserai donc sur votre faim. Cependant, une question me tracasse tout à coup. Je ne me connaissais pas comme quelqu’un de provocateur. D’où me vient cette nouvelle habitude ? Il faut que j’en parle à notre psychiatre.
Je vais donc m’arrêter là et vous laisser face à votre frustration. Je n’aurais besoin que de trois mots pour vous proposer une citation de mon cru : « Vive la SPVal ».
Didier Jacquier, Président SPVal